Quelques mots et expressions en patois savoyard
une ABADÉE = sévère remontrance.
s'ABADER = se mettre en train, se remuer, se lever.
ADIEU = dire bonjour à celui qu'on connaît bien,
salutation.
un AGASSIN = un cor au pied, durillon.
APONDRE = ajouter, allonger, attacher.
AULP = alpage.
ARSOUILLER = mal recevoir, ou reprendre durement quelqu'un.
ARVI ou A'RVI PA = au revoir.
AVOUANER = gronder avec vigueur, accabler de reproches,
secouer.
un BAGOLU = un ivrogne, dissipateur, farfelu.
la BALME ou BALMETTE = une grotte.
un BAMBOUÉ ou un TABOUÉ = un fanfaron bruyant ou pauvre type raté.
la BAROTTE ou BÉROTTE = la brouette.
une BARJAQUE = une femme très bavarde.
une BÉNETTE = sorte de hotte pour porter la terre ou le fumier.
une BEUFERIE = grossièreté.
du BIDOYON = du cidre.
un BOBET = un simple d'esprit.
le BOËDET = la soue à cochon.
les BOGNETTES = dessert de fêtes.
BOTOILLON = une
bouteille ou flacon.
BORLER = crier, pousser des hurlements.
BORNALER = tonner.
le BOUCHET = lieu garni de bosquets.
un BRAFAGOILLE = celui qui brasse dans les flaques : un bon à rien.
un BRIN-NÉ = un fou (une brinnée = une volée de coups).
BROSSU = décoiffé.
un CABIOLON = petite pièce sombre, cagibi, débarras.
un CACANIOLET = un homme maniaque, tatillon, lent, mou.
un CACATI = un cacatier, cabane de WC, dépotoir.
ÇA S'EST EU VU = on a vu ou connu autrefois.
CAOUÉ = crotté, mouillé.
un CAÏON = un cochon, un porc.
CHARCLER = tailler dans le vif.
CREULER = trembler, grelotter de froid ou de peur.
une CHOPINE = un pichet de vin.
le CHOSAL = maison en ruine.
un CH'NI = un endroit en désordre.
COFFE = sale, couvert de taches.
la COMBE= vallée en flanc de montagne.
le CORTI = jardin, potager.
le COUÈCLE = couvercle (de marmite).
un COURATIER = un homme qui court les femmes.
un CRÉ = une pente.
les CROETS = les enfants
CRU = atmosphère froide et humide.
CUPESSER = culbuter, tomber.
DES FOIS = employé improprement à la place de parfois.
les DESSOUS = les sous-vêtements.
un DIOT = saucisse, généralement cuisinée au vin blanc.
DRÈ = tout droit.
ÉBOUELLÉ = esquinté, abîmé.
une ÉCAMBÉE, CAMBÉE = une enjambée.
ÉDIOFÉ = écrasé, coincé, abîmé.
ÉJARATTER = remuer frénétiquement bras et jambes
s'ÉMOURGER v se remuer, bouger.
un EMPLATRE = individu lent et maladroit.
EMPLATRER = entrer en colision.
ENCOUBLER = gêner, entraver.
ENFATTER = mettre dans la poche ou la fente, remplir,
grossir.
s'ENJOQUER =
s'étouffer avec des aliments bourratifs.
ÉPEUFER = repousser violemment.
ÉPOULAILLÉ = être effrayé, ébouriffé.
ESSORBALÉ = être perturbé, secoué.
FAIRE LA POTTE = bouder.
FAROILLON = personne qui bricole sans soin.
une FÉNOLE = une
femme, une épouse
les FINS = terrains ayant une bonne terre.
un FION = un mot blessant, un pique, moquerie.
la FRUITIÈRE = coopérative laitière.
une GALETAS = un grenier, débarras dans les combles.
une GOUAPPE =
un pilier de bar, buveur.
une GUIDAULE =
une petite bande de terrain étroite.
un GNAGNIOU = un individu simplet ou qui a du mal à se décider.
la GNIA = troupe, nichée, famille nombreuse.
faire des GÔGNES = faire des manières, souvent ridicules.
une GOUILLE = flaque, creux remplis d'eau.
la GOUTTE = eau de vie.
un GORGEON = une gorgée
d'alcool.
GRÉMOTTU = rugueux.
GREULER = se promener et rentrer en retard, flâner,
traîner.
GROMAILLER = casser des noix pour les manger ou en faire de
l'huile.
GUINGALLER = Boiter, être bancal, instable.
JARCLER = dégager le plancher brutalement et forcé.
une MANOUILLE = anse d'un pot ou une petite manivelle.
MATAFAN = mets populaire du vendredi, coupe-faim
MÉ = encore, de nouveau, exemple : il est mé revenu.
MODER ou S'EN MODER = partir, s'en
aller.
MOINNER = ronchonner, geindre, se plaindre.
le MOLLARD = une colline.
les MOGES = les génisses.
un MOGEON = petit veau, ou moquerie envers une fille pas très belle.
un NANT = un torrent, un ruisseau.
la NIA = troupe, nichée, famille nombreuse.
avoir la NIARD = être de mauvaise humeur.
des NIÔLLES = des nuages.
NIOLLU ou NIANIOU = personne molle
sans énergie.
il y a NION = il y a personne.
la OUAFFE = neige fondante.
une PANOSSE = une serpillière.
la PATIOQUE = de la boue épaisse.
PATROUILLER = tripoter.
un PATTIER = un chiffonnier, un brocanteur, ramasseur de pattes.
une PÉTOLE = une petite crotte, petite chose, ou familièrement petit enfant.
la PEUFE = la poussière.
la PEYANDRE = désigne la peau blanche, les nerfs ou le gras de la viande.
les PLANS = lieux assez plats.
les PLANANS = les habitants de la plaine.
la PIAUTE = la jambe.
PIOULER = crier (ou parler) d'une voix aiguë.
une POLAILLE = une poule, une volaille.
un POUÈ = un porc, un cochon.
les PRAZ = les prés.
une RAJOUTURE / RAPONSE = quelque chose de rajouté.
RATASSER = farfouiller ou se répéter.
les RATTES = les dents de lait des enfants.
REBLOCHON = fromage savoyard fait de lait gras.
un RHABILLEUR = rebouteux, qui remet les membres démis.
RINGALER = traîner, lambiner.
être à la RÔDE = être en chemin, se promener.
Faire la RIOULE = faire la fête hors de chez soi.
une ROILLÉE = une forte pluie.
SACOGNER = secouer brutalement.
un SÂPI = pic de bûcheron pour les billons de bois.
une SASSON = une grosse bécasse, une nigaude, femme lourde.
une SNIULE = personne qui radote et se répète.
un TABANNÉ = individu un peu fou et parfois dangereux.
la TARTIFLE = pomme de terre.
un TÂTA-CUL DE POLAILLE = une personne trop tatillonne et pénible.
un TATU ou TOURET = désigne quelqu'un de borné, têtu.
un TAVAILLON = tuile en bois de 40 par 15 cm.
aller TÔ PLAN = marcher tout doucement, tranquillement.
une TOMBÉE = petite quantité de liquide, on dit aussi : un doigt, une larme.
une TORGNAULE = une correction patriarcale.
TOUCHER LA MAIN = serrer la main à quelqu'un.
le TOUPIN = pot en terre vernissée.
la TOUPINE = jarre en terre d'une contenance de 8 à 10 litres.
des VIROLETS = des petits virages serrés en montagne.
la VOGUE = fête patronale de la commune.
la YAUTE = la Haute-Savoie
Y s’emploie à la place du pronom d’objet
" le ", " la ", ou " les ".
Exemples : "j'y
sais" "on y fait"
Quelques Proverbes :
I fâ prindre lo
tin kmin a vin, lou-z-omo kmin i son, l'ardzin pè cin k'a vâ.
Il faut prendre
le temps comme il vient, les hommes comme ils sont et l'argent pour ce qu'il
vaut.
A van-t-an, on pren kwi
on vu ; a vantfè, kwi on pu ; a tranta, kwi no vu.
A vingt ans, on prend qui
on veut ; à vingt-cinq, qui on peut ; à trente, qui nous veut.
I vo mé savé k'davé.
Il vaut mieux savoir
qu'avoir.
Ame leu bon pe ké
t'amasson, âma leu mové pe ké ne te mordasson.
Aime les bons pour qu'ils
t'aiment, aime les mauvais pour qu'ils ne te mordent.
Cé ke tran-ne trè fo lo
pan moru.
Celui qui traîne trop
fait du mauvais pain.
K'i sayè métre o
aprenti, on crwé ouvri a crwé outi.
Qu'il soit maître ou
apprenti, un mauvais ouvrier a de mauvais outils.
La koèta mjhè l'éplé.
La hâte mange l'avance.
De fortuna è de santé,
è ne fou jamè sin vinta.
De fortune et de santé,
il ne faut jamais s'en vanter.
Dire è fore son po
frore.
Dire et faire ne sont pas
frères.
E leu solâr leu pe fin
ké fon leu pè grou-z-agassin.
Ce sont les souliers les
plus fins qui font les plus gros durillons.
Jamé grou tloshi n'a
redéfé pti velozhe.
Jamais grand clocher n'a
déparé petit village.
Kan la fèna pou plu
parlâ, s'n'êtreramê fô apresta.
Quand la femme ne peut
plus parler, son enterrement il faut préparer.
Le guegni vâ le dire.
Le regard vaut un
discours.
La lenga kope pe
profon k'onna goïarda o k'onna fou.
La langue coupe plus
profond qu'une serpe ou qu'une faux.
To-t-i vu, to-t-i
pér.
Tout il veut, tout il
perd.
Ké n'sâ pâ kopâ
l'pan, ne sâ l'afanâ.
Celui qui ne sait pas
couper le pain, ne sait pas le gagner.
La potè prin-me san
malin-ne.
Les femmes aux lèvres
serrées sont méchantes.
Bela rouza devên
grataku.
Belle rose devient
"gratacul" (fruit amer de l'églantier, symbole de la femme revêche).
Tô lô bronzin truvon
leu kwékliè.
Toutes les marmites
trouvent leur couvercle.
La fène ke di to a son
mari, lè ploura mé ke lè ne ri.
La femme qui dit tout à
son mari, elle pleure plus qu'elle ne rit.
Tan mé on brafe la
merda, pè mandre lè chwan.
Plus on brasse la merde,
plus elle sent mauvais.
Inprunta fa pliézi,
rindre n'en fa poin.
Emprunter fait plaisir,
rendre n'en fait point.
Kan ma borsa fa tin-tin,
to le monde è mon kosin, kan le fa tru-tru, to le monde vire le cul.
Quand ma bourse
fait tin-tin (pleine) tout le monde est mon cousin ; quand elle fait tru-tru (vide) tout le monde tourne.
Ce ke vin pe la rapena
s'è teurné pe la rwinna.
Ce qui s'en vient par la
rapine, s'en retourne par la ruine.
Fa de ta boste na prazon
pè betâ ta lêga a la rézon.
Fais de ta bouche une
prison pour mettre la langue à la raison (et ne pas médire).
Kan la luna s'rnouvêle
in bô, dan très jheu on a d'êde.
Quand la lune renouvelle
en beau, dans trois jours il y a de l'eau.
La plioze du matin n'a
jamé arêta lou pèlerin.
La pluie du matin n'a
jamais arrêté le pèlerin.
De bère, é-i-a pas tan
de mâ, parvi k'a la mazon on poïasse tornâ.
De boire, il n'y a pas
tant de mal, pourvu qu'on puisse s'en retourner à la maison.
I fâ fère via ke dure.
Il faut faire vie qui
dure.
Kan on se kuste awé leu
stin, on se lève awé lè puzè.
Quand on se couche avec
les chiens on se réveille avec des puces.